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Césarienne extrapéritonéale : la solution pour ne plus souffrir à la suite d’une césarienne ?

Crédits : iStock

Dans certains cas, le recours à la césarienne est nécessaire au moment de l’accouchement pour la santé de la mère, de l’enfant ou des deux. Cette pratique est d’ailleurs devenue très courante puisqu’elle est pratiquée pour un accouchement sur cinq. Seulement, c’est une opération relativement lourde et les femmes peuvent mettre plusieurs semaines à s’en remettre totalement. Une nouvelle technique commence à se démocratiser : la césarienne extrapéritonéale. Ce pourrait être une véritable révolution pour de nombreuses femmes.

En quoi consiste la césarienne extrapéritonéale ?

Cette technique n’est en fait pas si nouvelle que cela puisqu’elle a été découverte il y a dix ans. Elle s’effectue sous anesthésie (péridurale ou rachianesthésie) au même titre qu’une césarienne traditionnelle. Cependant, à la différence des césariennes qui sont pratiquées aujourd’hui, l’incision est verticale et sur la gauche. Ouvrir verticalement plutôt qu’horizontalement permet une incision dans le même sens que les fibres musculaires, ce qui permettrait de retrouver ses moyens physiques beaucoup plus rapidement que pour une césarienne traditionnelle. L’obstétricien écarte ensuite les muscles à la main, ce qui permet de ne pas inciser le péritoine (le tissu qui recouvre les organes). Une fois arrivé à l’utérus, il effectue une nouvelle incision comme pour une césarienne normale afin de faire sortir le bébé. Le corps est ainsi moins meurtri et mettra ainsi moins de temps à s’en remettre. De plus, l’anesthésiant est donné en plus petite dose, ce qui évite quelques désagréments tels que des vomissements, des malaises ou encore des nausées. Enfin, les intestins ne sont pas touchés, ce qui permet ainsi de retrouver un transit tout ce qu’il y a de plus normal après.

Quelle différence avec une césarienne traditionnelle ?

La césarienne pratiquée aujourd’hui existe depuis une vingtaine d’années et est aussi appelée Cohen-Stark en référence aux deux obstétriciens qui ont découvert cette technique. Elle consiste à faire une incision horizontale au niveau du pubis. L’obstétricien incise ensuite l’aponévrose qui est la gaine des muscles. Il écarte ensuite les muscles avec les doigts pour venir ouvrir le péritoine et enfin l’utérus pour sortir le bébé. On compte donc plus d’incisions avec cette technique et ces dernières peuvent donc mettre plus de temps à cicatriser et entraîner de nombreuses douleurs pour la mère.

Plusieurs femmes qui ont dû subir une césarienne ont le sentiment de ne pas avoir vécu leur accouchement, qu’on leur a volé ce moment. La Dre Simon, qui exerce à Versailles et qui pratique la césarienne extrapéritonéale, permet aux femmes d’être actrices de leur césarienne. Pour cela, elle leur propose de souffler dans un embout (aussi appelé winner flow) après l’incision de l’utérus afin qu’elles puissent elles-mêmes expulser leur bébé. En effet, en soufflant, la femme contracte ses muscles abdominaux, ce qui permet au bébé d’être poussé vers la sortie.

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Lors d’une césarienne traditionnelle, la mère et son bébé sont presque immédiatement séparés. La jeune maman a en effet à peine le temps de l’embrasser que les sages-femmes l’ont déjà emporté avec elles. Ce n’est pas le cas pour une césarienne extrapéritonéale. En effet, les praticiens qui utilisent cette technique permettent à la mère de profiter d’un moment de peau à peau avec son bébé.

Par la suite, les femmes retrouvent plus rapidement leurs moyens et sont donc plus actives pour s’occuper de leur bébé. Certains chirurgiens ne posent pas de sonde urinaire pour ce genre de césarienne et n’utilisent pas d’agrafes ou de points pour recoudre la plaie, préférant de la colle étanche. La cicatrisation serait ainsi plus rapide, mais surtout moins douloureuse. Trois jours après l’accouchement, les femmes ayant subi une césarienne extrapéritonéale peuvent sortir de la maternité contre six jours en moyenne pour une césarienne classique.

Bientôt démocratisée ?

Certains obstétriciens pratiquent cette technique en France aujourd’hui, mais ils sont bien loin d’être majoritaires. Elle n’est d’ailleurs pratiquée que dans les cliniques privées et pas dans les CHU ou les hôpitaux dans lesquels elle n’est même pas enseignée. Il est en effet toujours long et difficile de convaincre des spécialistes que leur technique n’est pas la meilleure et qu’il faut en changer. De plus, la césarienne extrapéritonéale demanderait une certaine maîtrise avant de pouvoir être pratiquée puisque les gestes doivent être très précis. Cette technique possède pourtant de nombreux avantages et ne prend pas plus de temps qu’une césarienne classique, elle peut donc aussi être effectuée dans les cas de césarienne en urgence.

Par ailleurs, pratiquer plus souvent des césariennes extrapéritonéales pourrait représenter de véritables économies pour les hôpitaux. En effet, le retour à la maison se fait plus rapidement et les soins par la suite sont également moins nombreux pour la mère, mais aussi pour le bébé puisque la mère est plus autonome pour s’en occuper elle-même.

C’est une technique qui gagnerait donc à être connue pour que les femmes qui accouchent par césarienne gagnent en bien-être.