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Exposer ou non le visage de ses enfants sur les réseaux sociaux

Crédits : iStock

À l’ère du numérique, nombreux sont les parents qui se font une joie de partager avec amis et famille des clichés de leurs jolies têtes blondes. « Likées » des centaines de fois et partagées par les grands-parents, les oncles et les tantes, ces photos peuvent rapidement faire le tour du web. Le débat est d’ailleurs animé entre les parents qui exposent régulièrement leurs enfants sur les réseaux sociaux et ceux qui y sont fermement opposés. Quels peuvent donc être les risques de cette pratique ?

Le droit à l’image pour tous

Que l’on vienne à peine de naître ou que nous ayons 80 ans, nous avons tous le droit de gérer comme bon nous semble notre image. Nous sommes maîtres de notre corps, mais aussi de l’image que nous voulons refléter. Et c’est là que le numérique et son utilisation posent problème. Les enfants ont eux aussi une image qui leur appartient et qui est cogérée par leurs parents.

Ainsi, aujourd’hui, dès la naissance d’un enfant, il est déjà possible de connaître dans les minutes qui suivent ses premières heures de vie son nom, sa taille, son poids et même une petite photo pour illustrer le tout. Avec ce faire-part numérique, tout le monde ou presque peut obtenir en quelques clics les premières informations sur ce bébé à peine né. Même si certains parents s’assurent des paramètres de confidentialités de leurs comptes, il est toujours difficile de mesurer la portée de chacun des posts. Ainsi, de nombreux enfants bénéficient déjà d’une identité numérique quelques heures seulement après leur venue au monde.

Une étude de 2010 de la société de sécurité sur internet AVG révélait que près de trois Françaises sur quatre avaient déjà posté des photos de leur enfant sur le web avant leurs deux ans. Cette pratique est donc largement répandue et ne choque pas vraiment. Pour de nombreux parents, cet acte est même presque anodin, car ils le justifient avec l’envie de partager avec leurs amis et leur famille les moments importants de la vie de leur enfant. Pour certaines familles, c’est l’occasion de pallier la distance qui les sépare en tenant tout le monde informé de l’évolution de l’enfant.

Seulement, il y a là un véritable problème de droit à l’image. En effet, la majorité des enfants, et a fortiori les bébés, n’ont à aucun moment donné leur accord pour permettre à leurs parents de publier des photos d’eux sur Facebook. Pire encore : même s’ils donnaient leur accord, ils n’ont encore absolument pas conscience de l’impact que peuvent avoir ces photos sur leur vie future.

Une identité numérique précoce

Pour certains parents, publier des photos de leur enfant sur Facebook revient au même que créer un album photo papier, comme il était coutume de le faire il y a encore quelques années. Seulement, la différence ici est que les photos publiées sur Facebook deviennent automatiquement la propriété du réseau social, et non plus celle de la personne qui les publie. Impossible donc de savoir ce qu’il va ensuite advenir de ces clichés.

Au-delà de cela, il est aussi important de penser que ces enfants exposés sur les réseaux sociaux vont un jour grandir et constater que leur identité numérique leur échappe. L’adolescence est déjà un cap suffisamment difficile à passer, il est donc très aisé de l’empirée en dénichant en quelques clics des photos d’untel déguisé en Batman ou d’une telle mangeant sa première compote. De plus, il est important de savoir qu’aujourd’hui, que ce soit pour une admission dans une université ou au moment de postuler dans une entreprise, le premier réflexe est de taper le nom de la personne en question sur Google afin de voir ce qu’il en ressort. Des clichés, des phrases ou encore des identifications douteuses peuvent donc très facilement porter préjudice à la personne concernée. Toutes ces publications permettent de créer l’e-réputation d’une personne, qui est par la suite très compliquée à modifier. Prenons l’exemple de cette jeune Autrichienne de 18 ans qui a intenté un procès à ses parents pour les centaines de photos d’elle publiées sur Facebook et qui a finalement obtenu gain de cause. Ce cas est peut-être le premier d’une longue liste.

Si certains parents ne s’inquiètent pas vraiment pour cela, car les noms et prénoms de leurs enfants n’apparaissent nulle part, il est tout de même important de rester vigilant, puisque grâce aux nouvelles technologies de reconnaissance faciale, il sera tout à fait possible dans quelques années d’associer un nom à un visage.

Crédits : Pxhere

Les dérives

En plus de la dimension de l’identité numérique, il ne faut pas oublier qu’internet est le terrain de jeu favori des prédateurs sexuels. Ainsi, des photos qui peuvent paraître parfaitement innocentes aux yeux des parents peuvent en fait être l’objet d’un réel désir pour d’autres. Ces photos peuvent ainsi rapidement se retrouver sur des sites plus que douteux, et il devient alors presque impossible de faire quoi que ce soit pour récupérer le contrôle dessus. Internet nous échappe parfois, et de partage en partage, des photos d’enfants se retrouvent sur des sites pédophiles sans même que les parents en soient informés un jour.

Les précautions à prendre

Pour les adeptes des réseaux sociaux qui souhaitent continuer de partager leur bonheur sur les réseaux sociaux, il est tout de même important de prendre certaines précautions afin d’éviter de porter préjudice à vos enfants. Pour cela, vous devez donc :

  • Limiter au maximum les clichés publiés sur les réseaux sociaux. Moins il y en a et moins il y a de risques qu’elles soient utilisées à des fins malhonnêtes
  • Consulter son enfant lorsqu’il aura la maturité nécessaire pour comprendre les enjeux de ces publications
  • Veiller à ne jamais poster de photos d’un enfant en maillot de bain ou dénudé
  • Paramétrer la confidentialité de son compte afin que seules les personnes que vous souhaitez accèdent à vos photos
  • Ne jamais identifier un enfant ou un parent d’enfant sur une photo, et ne jamais préciser la localisation géographique
  • Expliquer à son enfant tous les risques qu’une trop forte exposition sur les réseaux sociaux comporte