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Syndrome transfuseur-transfusé : tout ce qu’il faut savoir

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Le syndrome transfuseur-transfusé est un phénomène rare, mais extrêmement grave, qui peut mettre en péril la survie des bébés. Cette pathologie intervient dans les grossesses de jumeaux dites monochoriales, c’est-à-dire lorsque les deux fœtus partagent le même placenta. Sans prise en charge et sans traitements, elle entraînerait dans 90% des cas la mort des jumeaux.

Qu’est-ce que le syndrome transfuseur-transfusé ?

Dans certaines grossesses gémellaires monochoriales, il se peut que les cordons ombilicaux des deux fœtus, qui sont reliés entre eux grâce à un réseau de vaisseaux sanguins, présentent des connexions qui sont déséquilibrées, ce qui peut entraîner une disparité au niveau des échanges sanguins. Ainsi, un des jumeaux va devenir le transfuseur, c’est-à-dire que son sang va passer dans celui de son jumeau, qui est quant à lui le transfusé. C’est ce déséquilibre entre les deux fœtus qu’on appelle le syndrome transfuseur-transfusé.

Le jumeau transfusé va donc présenter une surcharge de volume sanguin. Automatiquement, ce déséquilibre va être compensé avec une augmentation de sa production d’urine. Cela causera une augmentation du volume de liquide amniotique.

A contrario, le jumeau transfuseur aura moins de sang, ce qui entraînera une baisse de sa pression sanguine pouvant déboucher sur une anémie. De plus, il va produire peu d’urine, et aura donc une faible quantité de liquide amniotique.

Ainsi, le jumeau transfuseur est le plus faible des deux, et c’est lui qui a le plus de risques de ne pas survivre. Cependant, l’autre fœtus présente aussi des risques de fausses couches, car la grande quantité de liquide amniotique qu’il possède pourrait faire croire à l’utérus que le moment est venu d’accoucher, alors qu’il est en réalité bien trop tôt.

Crédits : Pixabay – 3194556

Comment le diagnostiquer ?

En règle général, c’est lors de l’échographie du deuxième trimestre qu’il est possible de constater un syndrome transfuseur-transfusé. À ce moment-là, le gynécologue effectue de nombreuses observations afin de déterminer si les jumeaux présentent cette pathologie ou non :

  • Il observe s’il s’agit bien d’une grossesse monochoriale biamniotique
  • La quantité de liquide amniotique dont bénéficie les deux fœtus : si l’un d’entre eux en a très peu, alors qu’au contraire l’autre en a beaucoup
  • La taille de la vessie de chaque fœtus (le transfusé a en général une vessie importante, à l’inverse du transfusé où elle est presque inexistante)
  • Le poids des deux fœtus : les jumeaux ont souvent des différences de poids, mais si celles-ci sont très importantes, alors cela renforce le diagnostic du transfuseur-transfusé.

Le traitement possible

Il existe cependant un traitement afin de venir à bout du syndrome transfuseur-transfusé. Mis au point en France par le Pr Yves Ville il y a environ 20 ans, cette chirurgie consiste à introduire un endoscope dans la cavité amniotique du fœtus transfusé afin d’identifier, puis de coaguler les vaisseaux anormaux. L’excès de liquide amniotique sera ensuite drainé afin de le rétablir à un niveau normal. Cette opération chirurgicale est effectuée sous anesthésie locale ou sous péridurale. Ce traitement permettrait de sauver dans 80% des cas au moins un des bébés. Dans 35 à 50% des cas, les deux bébés survivent.

À la suite de cette opération, la grossesse de la future maman est encore plus suivie qu’elle ne l’était afin d’éviter les risques de fausses couches. En général, l’accouchement est programmé à partir de 34 semaines d’aménorrhées, et au plus tard à 37.