Depuis plusieurs semaines, une réelle révolution semble se mettre en place autour des notions d’agression, de harcèlement et de consentement sexuels. Il semblerait en effet que dans l’inconscient commun, le consentement ne soit pas vraiment très clair, de nombreuses personnes ayant du mal à comprendre où se situe la barrière infranchissable du « non ». Comme de nombreux autres principes, il est important que les enfants y soient sensibles dès leur plus jeune âge, puisqu’il s’agit avant tout d’une question d’éducation.
Savoir dire « non »
Le consentement est souvent une idée très abstraite pour les enfants, qui se laissent généralement entraîner par l’effet de groupe. Seulement, que ce soit pour les filles comme pour les garçons, il est important de réellement les sensibiliser à cette question du consentement, notamment au fait de savoir dire « non », mais aussi de savoir l’entendre.
La découverte du corps et de la sexualisation se fait dès le plus jeune âge, et c’est d’ailleurs bien naturel. Cela commence souvent avec des bisous dans la cour de récréation, avec des jeux entre filles et garçons, mais aussi tout simplement avec la découverte de son corps et de celui de l’autre. Seulement, et malgré l’innocence de certains de leurs gestes, c’est dès cet âge-là qu’ils doivent comprendre que leur corps leur appartient, mais aussi qu’ils n’ont aucun droit sur le corps des autres.
L’apprentissage du « non » est donc primordial. Il ne s’agit pas d’en parler chaque jour et à longueur de journée, mais il faut pouvoir ouvrir le débat avec eux afin qu’ils sachent que vous êtes parfaitement ouverts pour leurs futures questions. Avec des phrases simples, vous devez leur faire comprendre que personne n’a le droit de faire quoi que ce soit avec eux sans leur accord, et que cela commence même avec un simple bisou. Même au plus jeune âge, les enfants sont soumis à la pression du groupe et peuvent faire des choses simplement pour faire plaisir au groupe sans pour autant vraiment le vouloir (par exemple faire un bisou à un camarade de classe parce que tous les copains le demandent). Ils doivent comprendre que s’ils ne le veulent pas, ils ne doivent pas le faire. Pour que cela soit plus clair, il est possible de leur expliquer que dans la vie de tous les jours, lorsqu’ils ne veulent pas jouer avec leur petit frère ou leur petite sœur, ils ne le font pas, et qu’il s’agit là de la même chose.
Cela doit aussi passer par le comportement des parents qui doivent également montrer l’exemple. Ainsi si l’enfant refuse de faire un bisou ou un câlin à un membre de la famille, il ne doit pas y être forcé. Il ne s’agit pas là d’un manque de respect ou d’éducation, simplement d’un non-consentement. L’entourage doit donc être cohérent avec toutes ces valeurs.
Accepter le refus
Généralement, les parents ont tendance à apprendre à leur petite fille à dire non et à leur petit garçon à ne pas forcer. La fille est alors directement placée dans le rôle de la victime et le garçon dans celui de l’agresseur. Seulement, il faut bien être conscient que ce n’est pas toujours le cas et que les deux sexes peuvent aussi bien jouer le rôle de victime que d’agresseur. Les leçons et les principes doivent donc être les mêmes pour chacun.
Au-delà d’apprendre aux enfants qu’ils sont maîtres de leur corps, ils doivent aussi apprendre que cela s’applique pour tout le monde et qu’ils doivent donc respecter le désir de l’autre. Le consentement peut être donné mais aussi retiré à tout moment et il faut pouvoir l’accepter sans insister. Ils doivent comprendre que ce n’est pas parce qu’un camarade a accepté un jour un câlin qu’il va l’accepter les jours suivants, et qu’il est dans son droit.
Le consentement peut être un principe délicat à comprendre pour les enfants, qui agissent souvent avec beaucoup d’innocence. Seulement, c’est le plus tôt possible qu’ils doivent apprendre cela, pour pouvoir l’appliquer naturellement plus tard. Passé le stade de l’enfance vient l’adolescence et donc les hormones. C’est certainement la période durant laquelle il est le plus commun de franchir des limites. Les adolescents doivent bien être conscients que le consentement doit être clair. Ainsi, un silence ne doit pas être interprété comme un oui. Souvent, la peur de l’autre entraîne un silence qui peut être mal interprété.
Le principe de consentement va de pair avec le respect. C’est la raison pour laquelle il faut s’assurer que l’autre est en toute possession de ses moyens lorsqu’il donne son consentement. Les parents doivent donc aussi apprendre à leur adolescent qu’un « oui » alcoolisé n’est pas un vrai « oui ». Parfois, même si on croit que l’autre est consentent, ce n’est en fait pas vraiment le cas puisqu’il n’est plus lui-même. Il faut donc l’interpréter comme un « non« .
La notion de consentement nous suit tout au long de notre vie, mais débute dès l’enfance. Cette conversation doit être bienveillante et surtout pas accusatrice. Les enfants sont parfaitement capables de le comprendre sans pour autant en être traumatisés. C’est la raison pour laquelle il faut pouvoir engager le dialogue le plus tôt possible sans rougir afin d’apprendre cette valeur fondamentale qu’est le respect de l’autre.