Le syndrome du bébé secoué est un vrai fléau qui concerne malheureusement encore de trop nombreuses familles. Il laisse en effet des séquelles souvent irréversibles et peut même conduire à la mort du bébé. Si les campagnes de prévention tentent par tous les moyens de sensibiliser au maximum les parents des gestes à adopter pour éviter d’en arriver à de telles tragédies, il y a encore beaucoup de travail à faire. D’ailleurs, d’après une étude récemment publiée dans la revue Journal of the American Medical Association (JAMA), le nombre de cas aurait explosé en 2021, en plein cœur de la pandémie de Covid-19.
Des chiffres très inquiétants
Si l’étude porte uniquement sur la région Île-de-France, il faut bien reconnaître que les chiffres qu’elle dévoile sont extrêmement inquiétants. En effet, en 2021 et seulement dans cette région, le nombre de bébés secoués a doublé par rapport à l’année précédente avec 32 cas recensés. Et malheureusement, parmi ces cas, 9 enfants ont perdu la vie. Comme l’analyse le professeur Gilles Orliaguet, chef du service anesthésie-réanimation de l’hôpital Necker : « Non seulement il y a eu plus de cas, mais ils étaient plus graves ».
Ce dernier affirme également que cette augmentation a été progressive. On constate ainsi qu’une des périodes de pic de la pandémie de Covid-19 correspond parfaitement à l’augmentation de ces chiffres. Visiblement, le fait de se retrouver enfermé à la maison sans avoir la possibilité de sortir a aussi eu des conséquences sur la façon dont les parents se comportaient avec leur bébé, et notamment sur la violence dont ils ont pu faire preuve.
D’après l’association Stop Bébé Secoué, il semblerait qu’au niveau national, le syndrome du bébé secoué concernerait en moyenne 200 enfants par an. Il est toutefois nécessaire de préciser que ce chiffre est très certainement sous-estimé, car il existe de nombreux cas qui ne sont pas nécessairement rapportés ou détectés, mais qui peuvent tout de même avoir des conséquences sur la santé d’un enfant.
Des catégories de personnes plus souvent responsables de ces drames
Contrairement à ce que beaucoup de personnes peuvent croire, le syndrome du bébé secoué est bien souvent la conséquence d’un geste non réfléchi qui n’a pas forcément pour volonté première de blesser. En effet, dans la plupart des cas, la personne en charge d’un bébé perd patience à cause des cris et des larmes, et secoue l’enfant dans un élan d’impatience, de colère ou de fatigue.
Par ailleurs, d’après le docteur Anne Laurent-Vannier, ancienne cheffe du pôle de rééducation de l’enfant aux hôpitaux de Saint-Maurice du Val-de-Marne et experte du syndrome du bébé secoué, les mères seraient en réalité rarement responsables du syndrome du bébé secoué. Les hommes sont en effet visiblement plus à risque d’avoir ce genre d’accès de violence. Mais ce n’est pas tout : les assistantes maternelles sont également souvent concernées par le syndrome du bébé secoué, notamment durant les premiers jours de garde.
On ne cessera donc jamais de le répéter : il est parfaitement normal de perdre patience lorsqu’on a à charge un bébé. Toutefois, si ce dernier est en pleine crise, hurle et pleure, il faut pouvoir prendre le recul nécessaire pour ne pas arriver à un tel geste. Pour cela, n’hésitez pas à poser l’enfant dans un endroit dans lequel il est sécurisé et allez prendre l’air le temps de faire redescendre la pression. Mieux vaut le laisser pleurer plusieurs minutes plutôt que d’avoir une réaction fatale. Lorsque vous vous sentez enfin plus calme, vous pourrez vous occuper à nouveau de lui dans de bien meilleures conditions.