Le 23 octobre, l’Assemblée nationale a adopté, grâce à une large majorité, un texte au sujet de la prolongation du congé paternité. En effet, si aujourd’hui les seconds parents ont droit à onze jours de congés, Emmanuel Macron avait promis de rallonger ce délai afin de leur permettre de réellement profiter des premiers jours d’un nouveau-né, qui sont déterminants dans la relation parent-enfant. Cependant, des sénateurs du parti Les Républicains (LR) semblent s’opposer à ce texte, et plus particulièrement au caractère obligatoire des sept premiers jours de ce congé.
Les sept jours obligatoires remis en question
Avec ce projet autour du congé paternité, les députés souhaitaient accorder une plus grande place au second parent durant la période post-accouchement. Le 23 octobre, le texte a été voté à la majorité à l’Assemblée nationale, ce qui laissait donc présager une adoption et une mise en place rapide. Cet allongement du congé paternité s’étend à 28 jours au total, dont 7 obligatoires. Or, ce dernier point ne convient visiblement pas aux 39 sénateurs LR qui ont déposé deux amendements pour abroger le caractère obligatoire de ces sept premiers jours.
Même s’ils reconnaissent que « l’enfant a besoin de ses parents dans la relation d’attachement qu’il noue lors des premiers jours de sa vie », ils considèrent que « le congé obligatoire peut être compliqué à mettre en œuvre dans certaines entreprises, notamment les TPE et les PME ». Pour Chantal Deseyne, la sénatrice LR d’Eure-et-Loire, « le caractère obligatoire peut mettre en difficulté les entreprises, mais aussi les jeunes pères qui n’ont pas envie de prendre ce congé ».
L’importance du caractère obligatoire du congé paternité
Ces propos ont fait beaucoup réagir, notamment sur les réseaux sociaux. En effet, si les députés ont fait le choix de rendre sept jours obligatoires, c’est surtout parce que les onze jours de congé paternité ne sont actuellement pas imposés et que de nombreux seconds parents n’en profitent pas.
Cependant, il arrive aussi que certains employés refusent ces congés. En effet, bien des hommes ressentent une certaine pression au travail et ne considèrent donc pas comme indispensable leur place à la maison lors de la naissance d’un enfant. Malheureusement, bien des hommes pensent encore qu’élever un enfant est un rôle uniquement féminin. Ils ne s’imaginent donc absolument pas « sacrifier » leur travail pour une « charge » dont ils ne s’estiment pas concernés. Pour toutes ces raisons, rester à la maison pour s’occuper d’un nourrisson n’est pas une option envisageable pour ces hommes.
Pourtant, le congé paternité est une vraie nécessité, aussi bien pour inclure les hommes dans la charge familiale que pour réduire les inégalités de genre. En effet, les femmes sont encore trop nombreuses à vivre des discriminations à l’embauche à cause justement du congé maternité qui les contraint à quitter leur poste plusieurs mois pour la grossesse, puis pour s’occuper de leur bébé. Ainsi, dans bien des cas, à niveau de diplôme et d’expérience égal, des employeurs vont privilégier l’embauche d’un homme pour sa disponibilité. Le fait d’imposer un délai obligatoire du congé paternité, même s’il reste encore bien plus court que pour les mères, peut permettre de réduire ces inégalités et de contraindre les hommes à s’investir davantage dans leur vie de famille.