La contraception existe depuis maintenant plusieurs dizaines d’années, mais reste tout de même un dispositif relativement récent. Sa commercialisation a d’ailleurs été vécue comme une véritable révolution pour bien des femmes qui pouvaient alors décider si oui ou non elles souhaitaient avoir des enfants. Seulement, depuis peu, il s’agit également d’un dispositif qui est totalement remis en question par bien des femmes, notamment à cause des effets secondaires qui peuvent être importants. Justement, une récente étude explique que la contraception hormonale pourrait même agir directement sur le cerveau et changer complètement son fonctionnement.
Des changements observés sur l’activité cérébrale
Parmi tous les moyens de contraception proposés (principalement) aux femmes, on retrouve la pilule, qui est aujourd’hui encore la solution la plus utilisée. Il s’agit d’un contraceptif oral qui permet de bloquer l’ovulation et de réduire la paroi interne de l’utérus afin d’empêcher les spermatozoïdes de s’implanter. Elle est généralement proposée aux jeunes filles dès l’adolescence et pas forcément pour éviter une grossesse, mais aussi dans certains cas pour venir à bout de dérèglements hormonaux.
Des chercheurs de l’Université d’Ottawa ont cherché à montrer les effets de cette contraception sur le fonctionnement du cerveau. Publiée dans la revue « Hormones and Behavior », cette étude a été effectuée à l’aide d’examens par imagerie par résonance magnétique (IRM) qui ont permis de tirer ces conclusions. Les personnes qui prenaient une contraception orale présentaient des différences au niveau de l’activité cérébrale par rapport à d’autres qui n’en prenaient pas, notamment lorsque cela concernait les situations stressantes.
Nafissa Ismail, professeure associée de psychologie, explique : « L’usage d’une contraception orale est associé à une augmentation de l’activité du cortex préfrontal lorsque la mémoire est stimulée négativement, par des images d’armes ou d’accidents de voiture par exemple ».
Un stress perçu différemment
Face au stress, les femmes qui prennent la pilule et les autres ne réagissent pas de la même façon. Comme l’explique la scientifique : « L’utilisation d’une contraception orale est associée à des changements structurels significatifs dans les régions cérébrales liées à la mémoire et au processus émotionnel ».
Cette enquête peut être un véritable soulagement pour bien des femmes qui ont la sensation de souffrir d’effets secondaires de la pilule et qui pensent ne pas être prises au sérieux. Beaucoup se plaignent en effet de baisses de moral, de grandes fatigues, d’une tristesse inexpliquée, voire de troubles dépressifs. Cela peut donc remettre en question la prescription presque systématique de la pilule contraceptive et permettre aux femmes d’en apprendre plus sur d’autres modes de contraception. Ces recherches pourraient également permettre de relancer le débat autour du partage de la contraception au sein d’un couple.