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Un couple d’hommes va devoir rendre son bébé adopté de 18 mois à sa mère biologique

Crédits : iStock

C’est une terrible histoire que vivent Manish et Mickaël, qui ont été durant 18 mois les heureux papas de Manaël. Ce couple belge a appris, lorsque leur fils était âgé d’à peine 10 mois, que la mère biologique de ce dernier s’était rétractée et qu’elle souhaitait récupérer son enfant. Un cas rare, mais légal.

Une adoption traditionnelle

Tout semblait pourtant se passer pour le mieux pour ce couple belge. En avril 2016, Mickaël et  Manish apprenaient qu’ils allaient devenir les parents d’un petit garçon après leur demande d’adoption. La mère savait parfaitement que son enfant allait devenir celui d’un couple homosexuel et ne s’est absolument pas opposée à cela, bien au contraire puisqu’elle a souhaité que le garçon rejoigne sa nouvelle famille le plus rapidement possible. C’est ainsi que Manaël a fait son entrée dans la vie des deux hommes, quelques jours seulement après sa naissance.

Trois mois plus tard, et comme le veut la procédure, c’est devant le notaire que la mère biologique du petit garçon a consenti à l’adoption, et a ainsi donné à la société d’adoption l’autorisation de continuer la procédure judiciaire sans elle. C’est à ce moment-là que Mickaël et Manish ont vraiment compris qu’ils étaient les heureux parents de ce petit garçon : « Jusque là nous étions seulement les gardiens de l’enfant. Après la signature du consentement par la mère, nous nous sentions enfin des parents », explique Manish.

Mais une fin inattendue

La vie à trois s’est poursuivi durant quelques mois, jusqu’à l’annonce de la terrible nouvelle. En effet, en Belgique, la mère biologique d’un enfant bénéficie d’un délai de six mois pour se rétracter entre le dépôt du dossier d’adoption et la décision finale du tribunal. Et c’est ce que la mère biologique de Manaël a fait, car en février 2017, Manish et Mickaël ont appris que cette dernière avait retiré son consentement, alors que le petit garçon n’avait que 10 mois. Une décision que le tribunal a confirmée en appel, obligeant le couple à lui rendre l’enfant : « Le juge estime que l’intérêt de l’enfant est de retourner dans sa famille biologique et il ne prend pas en compte le temps qu’il a déjà passé avec nous, ni le fait que la maman a changé d’avis aussi tard dans la procédure. Aucune enquête sociale n’a été demandée », explique Mickaël.

Les deux hommes sont donc à présent la famille d’accueil du petit Manaël, qui est aujourd’hui âgé de 19 mois. Pire encore, pour que la transition soit la meilleure entre eux et la mère biologique, ils sont contraints de présenter le petit garçon tous les mercredis à sa mère. Une situation extrêmement difficile pour le couple qui pense malgré tout à l’intérêt du petit garçon : « On n’arrive pas à se mettre dans la tête qu’il n’est plus notre fils, ni qu’un jour, il ne vivra plus avec nous. C’est terriblement difficile, mais on le fait bien sûr dans l’intérêt de Manaël. C’est lui seul qui compte pour nous, finalement ».

Une décision inédite

Les deux hommes ont souhaité rendre publique leur histoire afin de prévenir et d’alerter les parents adoptants : « Tant que l’adoption n’est pas officielle, les parents adoptifs n’ont que très peu de droits. », expliquent-ils.

Selon Didier Dehou, directeur d’Autorité Centrale Communautaire (direction de l’Adoption) à la Fédération Wallonie Bruxelles, ce cas de revirement est inédit : « Il est très fréquent qu’une mère renonce à son projet d’adoption entre la naissance et le moment de donner son consentement devant le notaire (minimum deux mois après la naissance). En Communauté française (à la différence de la Communauté flamande), nous ne confions d’ailleurs jamais un enfant immédiatement aux futurs parents adoptifs ». Une véritable épreuve pour Manish et Mickaël qui vont maintenant devoir apprendre à vivre sans leur fils.

Sources : MagicMaman, RTBF