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Depuis la réforme du lycée, les filles sont-elles exclues des mathématiques ?

Crédits : iStock

En 2019, le gouvernement opérait une grande réforme du lycée qui visait notamment à supprimer les filières générales. Le but : permettre aux élèves de choisir les matières qui feront l’objet d’épreuves au bac. En suivant cette logique, les mathématiques sont devenues une spécialité, qui n’est donc pas obligatoire, dès la première. Les élèves ont ainsi le choix de continuer ou non à étudier cette matière. Seulement, quelques années après la mise en place de cette réforme, il est possible de constater que les mathématiques sont très clairement boudées par les élèves, et plus particulièrement par les filles. 

Une réforme aux lourdes conséquences

La réforme du lycée est en place depuis seulement 2019 et de premiers effets se font déjà ressentir du côté des élèves. Alors que le but premier de cette dernière était de permettre aux jeunes de sélectionner eux-mêmes les matières qu’ils souhaitaient approfondir afin de ne pas « perdre de temps » avec des apprentissages qu’ils n’aiment pas particulièrement et dont ils ne voient pas vraiment d’intérêt, elle a plutôt eu pour conséquence d’augmenter les inégalités entre les filles et les garçons.

Avant cette réforme, 90 % des élèves en terminale répartis dans les différentes filières avaient encore un apprentissage de mathématiques au lycée. Ainsi, en filière S, on retrouvait presque une moitié de filles (48,4 %). Un chiffre qui a mis du temps à arriver à ce niveau d’égalité, car il y a encore quelques années, les garçons étaient largement majoritaires dans les filières scientifiques. Malheureusement, ce chiffre a radicalement chuté, puisqu’en 2021, d’après les dernières données recueillies, elles n’étaient plus que 38,6 %. Pour le mathématicien Jean-Pierre Bourguignon, il s’agit d’un vrai désastre et nous aurions « perdu vingt ans d’efforts », deux ans seulement après le début de cette réforme. Si la baisse est également visible du côté des garçons (de 62 % à 49,7 %), ils sont encore la moitié à continuer les mathématiques en terminale.

Les mathématiques : marqueur d’inégalités

Les mathématiques ont malheureusement bien souvent mauvaise réputation auprès des jeunes élèves, et ce, depuis des décennies. Comme d’autres matières scientifiques, les mathématiques sont souvent considérées comme une matière plutôt à destination des garçons, notamment à cause des stéréotypes de genre qui ont visiblement encore de beaux jours devant eux. À l’inverse, les filles ont plutôt tendance à se tourner vers des matières littéraires qui offrent malheureusement moins de débouchés dans le monde du travail, ainsi que des salaires souvent moins élevés.

Finalement, cette réforme risque surtout, sur le moyen terme, d’augmenter les inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail, et sur un plan économique plus généralement.