in

Expression abdominale : tout savoir sur cette pratique pourtant interdite

Crédits : iStock

Depuis plusieurs années maintenant, la parole se libère autour des violences obstétricales. Que ce soit au cours d’une grossesse, d’un accouchement ou d’un rendez-vous traditionnel de suivi, bien des femmes sont en effet victimes de gestes ou de paroles très violentes, alors qu’elles se trouvent déjà dans une situation gênante et difficile. On retrouve notamment l’expression abdominale au cours de l’accouchement, qui est pourtant une pratique interdite par la Haute Autorité de Santé depuis 2007. Malheureusement, plusieurs femmes en font encore les frais.

Qu’est-ce que l’expression abdominale ?

Vous avez peut-être déjà entendu parler d’expression abdominale. Ce terme fait référence à la pression exercée par une tierce personne sur l’abdomen lors de la deuxième phase de l’accouchement qui se situe entre la dilatation complète du col de l’utérus et la naissance de l’enfant par voie basse. Cette pratique, en plus d’être très violente pour la future maman, peut également être douloureuse et dangereuse. D’ailleurs, Israël Nisand, Président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), affirmait en 2017 : « L’expression abdominale n’a plus lieu. Si elle a lieu, c’est une faute technique et une faute professionnelle grave ». Malheureusement, nombreuses sont les femmes qui affirment l’avoir vécu, et ce, encore très récemment.

C’est notamment le cas de l’influenceuse Lucie, plus connue sous le pseudonyme @babyatoutprix, qui s’est récemment confiée dans le podcast Bliss Stories. Elle explique avoir subi l’expression abdominale pour les naissances de ses trois enfants, bien qu’elle savait déjà que la pratique était interdite et surtout inutile. Elle a d’ailleurs malheureusement vécu une expérience traumatisante lors de son dernier accouchement en octobre 2020 et a failli y laisser la vie. Après l’expulsion de son petit garçon, la jeune maman a en effet été victime d’une grosse hémorragie de la rate ayant engagé son pronostic vital, ce qui a donné lieu à une opération en urgence. Si aujourd’hui, la jeune femme est tirée d’affaire, elle en garde tout de même les stigmates.

Une pratique exercée sans le consentement

Comme beaucoup de violences obstétricales, l’expression abdominale est souvent pratiquée sans le consentement de la personne concernée, ce qui rend l’événement encore plus brutal qu’il ne l’est déjà. Selon une enquête réalisée auprès de 25 500 mères par le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE), 82 % des femmes interrogées affirment que l’expression abdominale a été pratiquée sans qu’on leur demande leur avis. Ce chiffre très inquiétant montre à quel point la patiente est très peu consultée dans un moment pourtant essentiel de sa vie.

Cette même étude montre également un autre point important : 18 % des femmes consultées affirment que les équipes médicales leur ont demandé leur consentement. Parmi elles, 17 % l’ont donné et ont donc vécu une expression abdominale. Seulement, pour la plupart, elles n’avaient absolument pas été informées des dangers de cette pratique et ont donc fait confiance aux médecins afin qu’ils exercent un geste pourtant interdit. Cela montre le pouvoir du corps médical sur des personnes pas forcément renseignées à un instant T et qui sont également très inquiètes face à une situation stressante. Dans la plupart des cas de violences obstétricales, on observe en effet une véritable infantilisation des femmes, dont la parole n’a absolument aucun impact sur les pratiques des médecins qui, pour certains, se croient tout permis.