L’inceste existe malheureusement depuis des siècles. Il s’agit bien souvent d’un sujet tabou qui est passé sous silence, notamment au niveau des victimes. Ces dernières sont en effet nombreuses à éprouver une vraie peur de leur bourreau, des représailles potentielles, mais aussi de briser toute une famille. Les victimes d’inceste ressentent également dans la plupart des cas beaucoup de honte par rapport à ce qui leur est arrivé, ce qui est un point commun avec toutes les autres victimes d’agressions sexuelles. Fort heureusement, les langues commencent doucement à se délier autour du sujet de l’inceste et de nouvelles mesures pourraient bien voir le jour afin de protéger encore plus les enfants. Pour la Ciivise (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux enfants), cela passe notamment par la suspension du droit de visite du parent poursuivi.
Des enfants difficiles à protéger
Depuis le mois de janvier 2021, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants tente de prévenir ces crimes sur les plus jeunes, avec notamment des recommandations données directement au gouvernement afin de voir les lois changer sur le sujet. Le but premier est bien évidemment de protéger au mieux les enfants de ces terribles violences qui ont lieu dans la cellule familiale et qui sont donc d’autant plus difficiles à dénoncer.
Tout d’abord, la commission demande de prendre des dispositions envers le parent soupçonné dès le moment du dépôt de plainte, et donc de suspendre un temps l’autorité parentale ainsi que le droit de visite. En effet, pendant l’instruction, le parent concerné a encore toute son autorité parentale et bénéficie aussi de droit de visite et d’hébergement sur l’enfant. Ainsi, dans certains cas, certaines victimes sont contraintes de continuer à se rendre chez leur bourreau. Cette situation est par ailleurs absolument intenable pour le second parent, qui est bien souvent la mère. Il est effectivement important de rappeler que dans les cas d’inceste, 96 % des auteurs des crimes sont des hommes.
D’ailleurs, la Commission pointe également un phénomène appelé la « pseudo aliénation parentale », qui concernerait majoritairement les femmes. Ce concept théorisé dans les années 1980 « accrédite l’idée que, dans la plupart des cas de séparations conjugales conflictuelles, le parent avec qui vit avec l’enfant — la mère, le plus souvent — lave le cerveau de l’enfant pour que celui-ci refuse de voir son autre parent — le père, le plus souvent ». Cette idée a malheureusement tendance à trop souvent discréditer la parole des enfants, qui ne sont jamais véritablement considérées comme des victimes, mais simplement des marionnettes au cœur d’un conflit conjugal.
La suppression totale des droits pour le parent condamné
La Ciivise recommande également de suspendre les poursuites pénales envers un parent pour non-représentation d’enfant. Toujours dans le but de protéger un enfant, cette mesure permettrait ainsi de ne pas le ramener dans le cadre d’un droit de visite du potentiel bourreau et de ne pas être condamné pour cela.
Enfin, la dernière recommandation revient tout simplement à supprimer définitivement l’autorité parentale si le parent est finalement condamné.
Toutes ces mesures pourraient permettre d’éloigner au maximum le bourreau de sa victime, et donc de protéger cette dernière au mieux. C’est également une façon de prouver aux enfants qu’ils sont réellement écoutés et que leur parole compte vraiment, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas aujourd’hui. En effet, la Ciivise estime que 22 000 enfants sont victimes de violences sexuelles de la part de leur père chaque année en France. Pourtant, en 2020, seules 1 697 personnes ont été poursuivies pour viol incestueux sur mineur ou pour agression sexuelle sur mineur. En 2018, 760 personnes seulement ont été condamnées pour un crime de ce genre. Ces chiffres sont bien la preuve qu’il y a encore de grands progrès à faire en matière de suivi et de condamnation de crimes incestueux.