Dans notre société, les menstruations représentent un sujet très tabou qui ne fait que très peu partie du débat public. Pourtant, les règles concernent au moins la moitié de l’humanité, et ce, une fois par mois, toute l’année. Elles peuvent d’ailleurs totalement bouleverser le quotidien des personnes concernées, et pourtant aucune mesure n’est prise pour leur faciliter la vie. Fort heureusement, il existe tout de même des initiatives indépendantes, comme celle de cette entreprise française qui a décidé de mettre en place un « congé menstruel » pour ses employées.
Une initiative inédite en France
Depuis quelques années maintenant, il est possible de constater, notamment grâce aux mouvements féministes, un regain d’intérêt pour tout ce qui touche de près ou de loin au sujet des menstruations. Ainsi, certaines entreprises prennent au sérieux ce sujet et proposent des solutions et des aménagements aux personnes concernées. C’est justement le cas de La Collective, une scop (société coopérative et participative) basée à Montpellier. Il s’agit d’une décision parfaitement inédite en France qui a été prise sur le modèle d’autres initiatives de ce type existant déjà un peu partout dans le monde.
Cette société composée d’une quarantaine d’employés, et spécialisée dans le recrutement de donateurs pour les ONG, a effectivement pris la décision d’accorder à ses salariées féminines un jour de congé par mois au moment de leurs règles. Pour Dimitri Lamoureux, cogérant de la scop, il s’agit d’une « avancée sociale importante ». Ainsi, chaque mois, si l’employée se sent très gênée par ses menstruations, elle peut prévenir le jour même de son absence le directeur administratif grâce à un simple mail. Ce dernier doit par ailleurs garder ces informations secrètes. Jusqu’à présent, seules neuf femmes sur seize ont déjà profité de ce congé, même si la majorité d’entre elles avaient affirmé avoir des règles douloureuses par le biais d’un questionnaire anonyme. Il est par ailleurs important de préciser que le travail effectué dans cette scop ne peut pas être effectué en télétravail. Il s’agit également de tâches qui se font généralement debout et qui peuvent donc être relativement pénibles, surtout si on ajoute à cela l’inconfort des règles.
Une prise de position de plus en plus courante à l’étranger
Si officiellement, il n’est pas possible de privilégier un genre plutôt que l’autre au sein de l’entreprise, il est toujours envisageable de trouver une solution grâce à un accord collectif, notamment dans ce genre de situation. En effet, dans ce cas de figure, la mesure vise en réalité à permettre l’égalité entre les deux sexes, et non pas à en défavoriser un. Quoi qu’il en soit, si cette mesure peut sembler complètement inédite en France, elle s’impose doucement dans d’autres sociétés un peu partout dans le monde.
Bien évidemment, ce genre de décision fait débat, car aux yeux de certaines personnes, accorder un « congé menstruel » peut entraîner une discrimination à l’embauche. En effet, entre deux candidatures, l’une d’un homme et l’autre d’une femme, l’employeur sera peut-être tenté de choisir celle de l’homme qui sera certainement plus présent à l’année que sa concurrente.