in ,

Congé paternité : il n’est pas synonyme de plus d’implication des pères à la maison

Crédits : iStock

Depuis plusieurs années maintenant, les militant·e·s féministes se mobilisent pour demander un allongement conséquent du congé paternité. Ce dernier permettrait en effet de réduire la charge mentale portée principalement par les femmes dans les couples hétérosexuels qui ont des enfants. De ce fait, au cours des premiers mois de la vie d’un enfant, il pourrait avoir ses deux parents à ses côtés qui s’occuperaient aussi bien de lui que du foyer de manière générale. Il s’agit donc d’une façon de donner plus de place aux pères et de permettre aux mères de lever le pied durant ces moments très intenses. C’est en partie pour cette raison que le gouvernement a récemment annoncé l’allongement du congé paternité en France, qui est ainsi passé de 14 à 28 jours. Cette mesure visait donc notamment à permettre aux pères de s’investir un peu plus à la maison, même si la durée restait encore relativement courte. Toutefois, selon une récente étude, le congé paternité n’a pas de réelles conséquences sur la répartition des corvées dans les ménages français.

Pas de meilleure répartition des tâches ménagères

Selon des recherches menées par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) qui viennent tout juste de paraître, le congé paternité n’améliorerait pas vraiment l’implication des pères au sein des foyers. Réalisée auprès de jeunes pères entre 2010 et 2017, elle concerne donc des données qui sont antérieures à la réforme du congé paternité en France, entrée en vigueur en juillet 2021. Elle révèle qu’entre 2010 et 2017, les pères ne se sont pas beaucoup plus impliqués auprès de leurs enfants : ils sont seulement 24 %, alors que ceux qui ne prennent pas de congés sont 16 % à s’investir. Il en va de même pour la prise en charge des courses : les pères en congés seraient 25 % à s’en occuper, alors qu’ils sont 18 % du côté de ceux qui ne le sont pas.

Pire encore en ce qui concerne le ménage et la préparation des repas puisqu’ils sont respectivement 19 % et 26 % à s’en charger contre 18 % et 25 % pour les hommes qui ne prennent pas leurs congés.

Le congé paternité ne comble toujours pas les inégalités

En plus de l’allongement du congé paternité, plusieurs associations féministes réclamaient également le fait de le rendre obligatoire afin que tous les pères puissent en bénéficier. En effet, 30 % des jeunes papas ne profitent pas de cette disposition légale, ce qui signifie que les enfants reviennent alors automatiquement à la charge de la mère qui est seule à la maison pour s’en occuper durant son propre congé. L’explication à ce phénomène est très simple : dans les faits, il est difficile d’imposer un congé paternité sur le marché du travail actuel. Les patrons peuvent en effet avoir tendance à mettre la pression aux salariés afin qu’ils renoncent à cette mesure.

On retrouve également l’aspect financier. Pour beaucoup, le congé paternité est avant tout synonyme de perte d’argent, car le salaire peut alors devenir inférieur à ce qu’il est habituellement. Malheureusement, certains ne sont pas prêts à faire ce sacrifice, même si l’argument est de passer du temps avec ses enfants. On constate d’ailleurs que le recours au congé est plus faible aux deux extrémités salariales : seuls 67 % des pères chez les 20 % aux revenus les plus modestes le prennent. 98 % des pères dont le revenu est compris entre 2 500 et 2 899 euros en profitent. Toutefois, ces chiffres redescendent à 73 % chez les 10 % des pères les mieux rémunérés (3 500 euros et plus).