La mort subite du nourrisson est un phénomène qui a tendance à inquiéter les jeunes parents. Malgré toutes les recommandations des professionnels, il faut bien reconnaître que les premiers jours peuvent être très angoissants. Il est donc parfaitement normal de vouloir systématiquement garder un œil sur son bébé afin de s’assurer qu’il respire toujours. Pourtant, un médecin a récemment déclaré que la mort subite du nourrisson n’existerait pas vraiment et qu’elle serait généralement confondue avec d’autres causes de décès.
Un terme utilisé à tort et à travers
Werner Jacobs est professeur et dirige le service de médecine légale de l’hôpital universitaire d’Anvers en Belgique. Il explique que dans son établissement, 250 autopsies sont pratiquées en moyenne chaque année, dont plusieurs bébés qui seraient décédés de la mort subite du nourrisson. Seulement, il affirme que dans la majorité des cas, le décès s’explique par autre chose. Le terme de mort subite du nourrisson serait donc bien souvent utilisé à mauvais escient. Il tient d’abord à rappeler la définition même de la mort subite du nourrisson : « C’est le décès soudain et inattendu d’un bébé en dessous de 18 mois alors qu’aucune cause n’explique cette mort, même après autopsie ». Or, il affirme que généralement, il est possible de trouver la cause du décès d’un enfant, notamment avec une autopsie.
Il explique que depuis quelques années, le parquet d’Anvers exige systématiquement une autopsie lors du décès soudain d’un enfant de moins de 18 mois. Le professeur affirme qu’il s’agit d’une bonne chose et que cela permet ainsi « d’avoir plus de recul ».
Des causes naturelles dans la majorité des cas
Le médecin explique qu’au moment de l’autopsie, il découvre bien souvent que les enfants concernés sont décédés de causes naturelles. Il donne ainsi les exemples d’une malformation congénitale ou d’une infection pulmonaire qui n’étaient pas connues avant le décès de l’enfant. Le décès peut aussi être le résultat d’une asphyxie. Il tient donc à mettre en garde les parents sur la pratique du cododo lorsqu’elle est mal réalisée. Elle peut alors être très dangereuse pour le bébé.
Le professeur révèle un phénomène bien plus inquiétant : un enfant sur cinq ayant subi une autopsie serait mort des suites de violences. Néanmoins, ces dernières seraient absolument invisibles sans les examens approfondis pratiqués au moment de l’autopsie. Sans cela, leur mort aurait été attribuée, à tort, à la mort subite du nourrisson.
Des autopsies utiles
Le médecin regrette que l’autopsie dans les cas de morts brutales d’enfants de moins de 18 mois ne soit pas obligatoire dans tous les pays. En effet, aujourd’hui, pour qu’une autopsie soit réalisée sur de si jeunes enfants, il faut que la mort soit considérée comme suspecte. Seulement, dans la grande majorité des cas, il n’y a aucun signe extérieur permettant d’expliquer le décès. L’hypothèse de la mort subite du nourrisson est ainsi avancée alors qu’elle ne concerne qu’une minorité de bébés.