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Pédocriminalité : comment en parler aux enfants ?

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Le sujet de la pédocriminalité est omniprésent dans notre actualité depuis plusieurs semaines. Si cela peut être vu comme une opportunité d’ouvrir les yeux sur ces crimes terribles qui laissent des traces indélébiles, il est important de rappeler que c’est malheureusement grâce à des témoignages de victimes que l’opinion publique s’intéresse à ce sujet. Si cela permet de relancer le débat, et notamment de faire bouger les lois, c’est aussi l’occasion d’en parler franchement aux enfants, notamment pour les protéger des prédateurs.

La pédocriminalité : un sujet encore trop tabou

En quelques mois seulement, le sujet de la pédocriminalité est souvent revenu au cœur des débats, notamment grâce à deux ouvrages marquants : Le consentement de Vanessa Springora, paru le 2 janvier 2020, et La familia grande de Camille Kouchner sorti le 7 janvier 2021. Ces deux livres exposent les témoignages de victimes ou de proches de victimes et ils ont permis de relancer les sujets de l’inceste ou de la pédocriminalité qui sont bien souvent tus tant ils sont tabous.

Les victimes ont encore trop souvent la sensation d’être elles-mêmes responsables des atrocités qu’elles ont subies et peuvent ainsi mettre des années avant d’en parler. Nombreuses sont celles qui souffrent également d’amnésie traumatique, ce qui signifie que le choc a été tel que l’événement a été « effacé » de leur mémoire, jusqu’au jour où il ressurgit très violemment. Malheureusement, en France, il existe un délai de prescription au-delà duquel il est impossible de déposer plainte contre son agresseur. Il est également important de rappeler que même lorsque les délais sont respectés, la parole des enfants est encore trop peu écoutée et légitimée. Enfin, dans les cas de violences sexuelles, la majorité des plaintes n’aboutissent pas. Tous ces facteurs contribuent bien souvent à décourager les victimes de se lancer dans un parcours judiciaire.

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Comment en parler aux enfants ?

Il est forcément extrêmement difficile pour de jeunes parents d’aborder un tel sujet. En effet, ils souhaitent bien souvent préserver au maximum l’innocence de leurs enfants et évitent donc les sujets lourds tels que la pédocriminalité. Pourtant, il est absolument nécessaire d’aborder cela, notamment pour permettre aux enfants de repérer des comportements tendancieux, et pour les pousser à ne pas avoir peur d’en parler si jamais il leur arrive quelque chose.

La notion de consentement est donc essentielle et doit être apprise le plus tôt possible aux petits. Ils doivent bien avoir conscience que leur corps n’appartient à personne d’autre qu’à eux-mêmes, même pas à leurs propres parents. Cet apprentissage peut commencer dès les premières semaines de vie d’un enfant, à travers le dialogue, notamment dans les moments intimes tels que le bain ou le change. Les enfants doivent aussi avoir conscience que leur corps ne doit être touché par personne s’ils n’ont pas donné leur accord, et cela concerne même le fait d’embrasser ou non les autres pour les saluer.

La communication doit donc être de mise entre les enfants et leurs parents. Ils doivent pouvoir se sentir dans un climat sécuritaire au sein duquel ils pourront se confier sans honte ou jugement. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de ne surtout pas en faire un tabou et de parler ouvertement du rapport au corps et des dérives, voire des crimes que cela peut entraîner. Les enfants doivent également pouvoir avoir une personne de confiance dans leur entourage autre que les parents. Il peut en effet être difficile de leur en parler à eux directement. Les petits doivent donc avoir conscience que quoi qu’il arrive, ils auront forcément une personne de confiance à qui se confier.

Enfin, si malheureusement, votre enfant est victime d’une telle agression, vous devez immédiatement vous entourer de professionnels qui sauront gérer ce genre de traumatisme. Il est indispensable pour un enfant d’avoir un véritable suivi pour lui permettre malgré tout de grandir dans des conditions plus ou moins normales.