Les perturbateurs endocriniens n’ont pas fini de faire parler, mais surtout de créer la polémique. En effet, une récente étude de l’Inserm montre que l’exposition à certains phénols et phtalates durant la grossesse pourrait avoir des répercussions sur les comportements des garçons entre trois et cinq ans.
Des troubles relationnels et de l’hyperactivité
Cette nouvelle étude conduite par l’Inserm a été menée sur 529 petits garçons et leur mère. Les femmes concernées étaient enceintes entre 2003 et 2006, et suivies dans les CHU de Nancy et de Poitiers. Les chercheurs ont choisi de se cantonner aux petits garçons afin de démontrer un potentiel lien entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens durant la grossesse et des anomalies congénitales des organes reproducteurs.
Ainsi, grâce à des prélèvements d’urine récoltés durant la grossesse, les tests révèlent tout d’abord que 95% de ces femmes enceintes ont été exposées à des perturbateurs endocriniens au cours de leur grossesse. Parmi eux, on retrouve principalement le bisphénol A (de 1 à 3 microgramme par litre d’urine), le triclosan (de 10 à 100 microgramme par litre d’urine) et le méthylparabène (de 50 à 200 microgramme par litre d’urine). Ce premier constat alarmant ne représente que la première partie de cette étude.
Plus tard, les chercheurs ont suivi les enfants, qui étaient donc tous des garçons, afin de savoir si ces perturbateurs endocriniens avaient des impacts sur leurs comportements. Ainsi, lorsque les enfants avaient trois ans et cinq ans, ils ont été soumis à des questionnaires afin d’évaluer certains comportements, comme l’hyperactivité, les troubles émotionnels et les troubles relationnels. Les résultats montrent que les enfants exposés au bisphénol A durant la grossesse de leur mère étaient sujets à des troubles relationnels à trois ans et des troubles de l’hyperactivité à cinq ans. Ce constat avait déjà été fait sur des animaux en laboratoire et confirme donc que les perturbateurs endocriniens ont un réel impact néfaste sur le développement de l’enfant.
Encore quelques questions en suspens
Pour le moment, il est encore impossible de déterminer comment ces molécules parviennent à impacter le développement de l’enfant, même si certains chercheurs soulignent que ces substances peuvent interagir avec des systèmes hormonaux impliqués dans le développement du système nerveux central.
Par ailleurs, on ne sait toujours pas s’il y a un lien entre l’exposition durant la grossesse aux perturbateurs endocriniens et l’autisme chez l’enfant.
Une étude va tout de même être menée afin de déterminer les effets de cette exposition chez les petites filles. Les chercheurs espèrent ainsi identifier les conséquences exactes et déterminer si elles sont semblables à celles observées chez les garçons.
Que dit la loi ?
Le bisphénol A a été interdit en France en 2015 dans tous les contenants alimentaires, alors que l’Union Européenne ne l’a interdit que pour la fabrication de biberons. Seulement, il existe de nombreuses autres substances qui contiennent des perturbateurs endocriniens et qui sont encore présentes sur le marché en très grande quantité. On en retrouve notamment dans des produits utilisés tous les jours, comme les produits de soin ou les cosmétiques. Le chemin est donc encore long avant que ces substances, qui altèrent l’équilibre hormonal, soient complètement interdites.