Le suivi gynécologique est absolument indispensable chez les femmes et permet notamment de prévenir bien des maladies, ou de les prendre en charge avant qu’elles ne deviennent trop graves. Toutefois, il faut bien reconnaître que beaucoup de femmes perçoivent ces rendez-vous comme un peu gênants, car ils forcent à la nudité et à l’exposition de la plus stricte intimité. Pour certaines, il s’agit d’un véritable argument pour renoncer à un suivi gynécologique. Une décision relativement inquiétante qui ne semble pas vraiment isolée, puisque selon un nouveau sondage de l’Ifop pour Qare, 60 % des Françaises auraient renoncé à un suivi gynécologique.
Des rendez-vous de plus en plus espacés
Une récente enquête commandée par la plateforme de téléconsultation Qare met en avant le rapport visiblement compliqué qu’entretiennent les femmes avec leur intimité, et plus particulièrement avec le suivi gynécologique. En effet, 60 % des femmes reconnaissent avoir déjà renoncé (en l’annulant ou en le reportant) à leur rendez-vous et 12 % auraient évité une consultation à de nombreuses reprises. Pire encore, elles seraient une sur trois à déclarer ne pas être allée chez un gynécologue depuis plus de deux ans, et une sur dix à ne pas y aller du tout.
Si ce premier constat est déjà relativement inquiétant, il l’est d’autant plus lorsqu’on découvre que ce sont en réalité les jeunes qui sont les plus concernées par ces reports de consultations. Elles seraient en effet 70 % entre 25 et 34 ans à avoir renoncé à des soins. Plus alarmant encore : 31 % des 18-24 ans disent ne jamais avoir vu un spécialiste. Pourtant, le suivi gynécologique est essentiel pour la mise en place d’un suivi de contraception, pour la sensibilisation et le traitement des maladies sexuellement transmissibles, mais aussi pour le dépistage de certaines maladies, dont les cancers gynécologiques.
Plusieurs raisons pour expliquer cela
L’enquête ne se limite pas seulement à mettre en lumière ce problème de suivi gynécologique, elle tente également d’en trouver les raisons. Elle met tout d’abord en lumière le manque de spécialistes sur le territoire. En effet, pour 36 % des répondantes, les délais d’attente sont trop longs et elles finissent donc pas renoncer à prendre rendez-vous. Pour 14 %, le problème est surtout géographique, puisqu’elles affirment habiter trop loin d’un cabinet de gynécologie. Les déserts médicaux concernent donc aussi la gynécologie : entre 2007 et 2020, la France a perdu 5,2 % de ses effectifs de gynécologues.
Le rapport au corps est également un des facteurs qui empêchent certaines femmes de se rendre chez le gynécologue. Les dernières polémiques au sujet des violences obstétricales n’ont probablement pas aidé à convaincre celles qui étaient déjà mal à l’aise et qui seraient, selon cette étude, 20 % à éviter les gynécologues pour des raisons d’intimité.