Si toutes les femmes en France sont aujourd’hui informées des dangers du tabac durant la grossesse, certaines ne parviennent pas à se passer de cette addiction dont il est en effet très difficile de se détacher. Pourtant, de plus en plus d’études révèlent les effets absolument désastreux de la consommation de tabac pendant la grossesse pour le bébé à naître. Les médecins recommandent donc aux femmes fumeuses qui ont un projet de grossesse de prendre le temps d’arrêter la cigarette avant de se lancer. Cela dit, une étude française publiée par l’Inserm affirme que le placenta peut tout de même être affecté par les effets du tabac même si la mère parvient à arrêter de fumer avant de tomber enceinte.
Des conséquences même après l’arrêt du tabac
Ces révélations pourraient bien remettre en question l’hygiène de vie de bien des femmes qui souhaitent avoir des enfants et qui sont fumeuses : le placenta est affecté même lorsque la mère a arrêté de fumer avant de tomber enceinte. Jusqu’à présent, il était demandé aux femmes enceintes d’arrêter totalement la cigarette à l’annonce d’une grossesse, ou du moins d’essayer par tous les moyens d’y parvenir. En effet, le tabac est une substance extrêmement nocive pour la santé et peut avoir des effets désastreux pour le fœtus qui y est directement exposé. Comme son corps et tout son système nerveux est alors en plein développement, il peut souffrir de retard de croissance, de troubles de l’attention ou de problèmes respiratoires dans sa vie future. Dans certains cas, c’est même sa vie qui est directement en danger, car cela peut également augmenter les risques de fausse couche, de prématurité ou de mort subite du nourrisson.
Pour parvenir à ces conclusions plutôt alarmantes, une équipe de chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Université Grenoble Alpes ont analysé l’ADN placentaire de 568 femmes. Le résultat est sans appel : lorsqu’une femme arrête la cigarette dans les trois mois qui précèdent sa grossesse et qu’elle n’y touche plus jusqu’à la naissance de son enfant, il peut y avoir « des modifications épigénétiques (méthylation de l’ADN) pouvant avoir des conséquences » sur la suite de la grossesse. Cela signifie qu’il y a une modification du fonctionnement d’une cellule en fonction de l’environnement. De manière générale, les modifications épigénétiques peuvent apparaître à cause d’habitudes alimentaires, de stress et de tabac pour la personne qui en consomme directement. Cependant, jusqu’à présent, il n’était pas connu qu’un fœtus pouvait également en être victime après un arrêt total de la cigarette par sa mère.
La grossesse : un projet à prendre très au sérieux
Cette nouvelle étude confirme donc à quel point il est important et même nécessaire de considérer la grossesse comme un projet auquel il vaut mieux se préparer. S’il est très louable de parvenir à arrêter de fumer à l’annonce d’une grossesse, ces révélations montrent que ce travail doit idéalement être réalisé bien en amont, et si possible plus de trois mois avant de tomber enceinte. Pour les scientifiques, le placenta garde « une mémoire » de l’exposition au tabac, ce qui pourrait expliquer ce phénomène pour le moins surprenant.