Le baby blues est un phénomène bien connu au retour de la maternité que de nombreuses femmes redoutent. Après neuf mois de grossesse et une rencontre généralement inoubliable avec son bébé, il faut rentrer chez soi et commencer une nouvelle vie. Une étape qui peut s’avérer très compliquée entre tous les changements qui ont eu lieu en si peu de temps et les hormones qui font des siennes. Il est alors parfois bien difficile de garder le moral. Quelques mamans ont accepté de nous livrer leur histoire afin que le baby blues ne soit plus un sujet tabou.
Témoignage anonyme
J’ai très bien vécu mon séjour à la maternité pour mon deuxième garçon, mais le retour à la maison a été une véritable épreuve. Je n’ai reçu aucune aide, j’étais épuisée et je n’arrivais pas à retrouver un rythme de vie. D’énormes conflits ont eu lieu avec le papa ce qui a causé une séparation une semaine plus tard. Mon fils ne restait jamais seul, il devait constamment être dans mes bras, même la nuit. Je devais prendre ma douche avec la porte ouverte pour lui donner la main. Ma dépression a duré deux mois, du moins la phase la plus critique. Il m’a fallu du temps avant que tout rentre dans l’ordre.
Témoignage de Lolo J
Lors de mon retour à la maison, les premiers jours se sont bien passés : j’avais confiance en moi et me sentais vraiment bien avec mon fils et mon mari. Mais une semaine après le retour de la maternité, j’étais épuisée, et là, plus rien n’allait. J’étais si fatiguée que je ne produisais plus de lait correctement, l’allaitement se passait donc mal. J’avais en tête à ce moment-là que j’étais une mauvaise mère, que je faisais mal les choses. En plus de cela, notre appartement était sale et en bazar, ce qui me rendait encore plus mal. J’ai vraiment très mal vécu ces moments-là. Mon mari me voyait me sentir mal et comprenait donc que rien n’allait plus. Il a été le premier à me dire de dormir en même temps que notre fils. J’en ai parlé ensuite à ma sage-femme qui m’a dit la même chose. Le secret d’un bon allaitement est de DORMIR ! Ce que j’ai fait dès le lendemain. J’ai aussi réalisé que le ménage n’est pas important dans un premier temps. Et depuis, tout va pour le mieux. J’ai tout de même encore eu un petit coup de mou il y a deux semaines, mais maintenant, c’est reparti !
Témoignage anonyme
Je suis une maman d’un petit garçon de 5 mois. Le premier mois, il pleurait de 7 heures du matin à 23 heures si je ne l’avais pas constamment sur moi. Je suis allée voir mon médecin traitant qui m’a dit que je ne souffrais pas d’une dépression post-partum. Je me sentais perdue, seule et incomprise. De nombreuses personnes m’ont souvent répété que puisque mon bébé était en bonne santé, je devais être heureuse. Mais non, je ne l’étais pas. Je suis allée jusqu’à faire une tentative de suicide, j’ai été hospitalisée. Un traitement a donc été mis en place. Il y a beaucoup de bas, mais j’essaie de voir le haut au maximum. M’occuper de mon fils toute une journée m’est impossible. Je m’en veux énormément. Je me sens très seule face à cette situation, malgré mon suivi psychologique. À toutes les mamans dans ce cas, je vous apporte tout mon soutien.
Témoignage anonyme
On m’avait beaucoup parlé du baby blues, mais je n’ai jamais voulu y croire. À la maternité, la première journée a été géniale : j’étais en pleine forme et heureuse, malgré le fait de ne pas avoir dormi. Puis la deuxième journée est arrivée, avec un flot de larmes, de doute et d’angoisses principalement liées à la mort subite du nourrisson dont on m’avait abreuvé d’un trop-plein d’informations. Je ne voulais pas lâcher mon bébé, je ne voulais voir personne sauf lui et mon mari. Je pleurais beaucoup, plus que je n’avais jamais pleuré en si peu de temps. J’étais pourtant heureuse, mais je passais mon temps à le regarder dormir. Les sages-femmes venaient essayer de me rassurer, en vain. La veille de notre sortie, l’une d’elles m’a dit que si j’étais encore dans cet état, je ne pourrais pas sortir le lendemain… J’ai pleuré de plus belle, ne trouvant pas d’explications valables à mon état : mon bébé était en très bonne santé, le papa était heureux, nous formions une famille heureuse, la maison était prête pour accueillir notre enfant, bref, tout allait bien, sauf moi. On a finalement décidé de me laisser partir et je me suis sentie mieux chez moi, en commençant cette nouvelle vie à trois.
Mais le mal-être était encore là, et toujours pas d’explication, juste cette peur de ne pas être à la hauteur. J’ai perdu en quelques semaines plus de 15 kg (tous mes kilos de grossesses et plus encore), puisque je n’avais plus d’appétit. Mon mari était très présent pour moi, même s’il ne comprenait pas pourquoi j’étais si mal (moi-même je ne le comprenais pas). Quand mon bébé dormait, j’étais mal, mais dès que je l’avais à nouveau sous les yeux ou dans les bras, mon moral revenait et mon sourire aussi. J’ai passé plusieurs mois ainsi.
Des sages-femmes sont venues à ma demande quelques fois, juste pour discuter et aussi me rassurer en me montrant que OUI je faisais exactement tout ce que je pouvais et tout ce qu’il fallait faire pour mon bébé, que OUI il était heureux et en pleine santé, et que OUI mon mal-être finirait par passer. Et effectivement, c’est passé. Du jour au lendemain, au bout de trois mois qui ont été assez durs, car la culpabilité était énorme. En effet, se sentir heureuse en pleurant c’est assez déstabilisant, et même si mon bébé ne m’a pas vu pleurer, d’après certaines personnes très « gentilles », il ressentait tout le mal-être de sa maman. J’ai réalisé que parfois, les conseils et les avis de l’entourage peuvent être un vrai poison, et qu’il faut absolument avoir sa propre opinion, ne pas tenir compte de tous les avis négatifs.
Maintenant je profite de mon fils au maximum, il est adorable. Depuis que nous sommes revenus de la maternité, il a été très gentil, fait des nuits complètes, ne pleure presque jamais, et il est très calme et souriant. Je n’ai aucune solution pour venir à bout du baby blues, juste un conseil : croire en soi, croire en son bébé (car malgré leur petite taille, les bébés sont intelligents et savent se faire entendre et comprendre mieux qu’on ne le croit), et toujours se dire que même si aujourd’hui on ne se sent pas bien, demain sera un autre jour. Voir son bébé évoluer reste le meilleur des remontants. Courage à toutes celles qui passent par là, ce n’est pas un moment facile, mais OUI on s’en sort, et même plus forte et plus sûre de soi.
Merci à ces mamans qui ont eu le courage de partager leur histoire difficile. Le baby blues est bien souvent un sujet tabou dont les femmes ont honte de parler. La maternité est généralement idéalisée, et l’inconscient commun voudrait que toutes les femmes qui viennent d’accoucher respirent le bonheur. Seulement, la réalité est parfois bien plus difficile…