En France, la « tradition » veut que lorsqu’un enfant vient au monde, ce dernier porte alors le nom de famille de son père. Même si depuis la loi relative à la dévolution du nom de famille du 18 juin 2003, les parents peuvent choisir si l’enfant prendra le nom du père, celui de la mère ou bien les deux, le fait de donner uniquement celui du père est une habitude qui semble encore avoir de beaux jours devant elle. En effet, la grande majorité des familles font le choix du nom de famille du père, ce qui peut créer des inégalités pour les mères dans certaines situations. C’est pour cette raison que le collectif « Porte mon nom » demande l’instauration de la systématisation du double nom de famille pour les enfants.
Les enfants portent encore majoritairement le nom de leur père
Marine Gatineau Dupré, cofondatrice du collectif « Porte mon nom », milite pour un changement de loi au niveau de l’attribution des noms de famille des enfants. Depuis 2003, lorsque la filiation de l’enfant est établie à l’égard des deux parents, ces derniers peuvent choisir si leur premier enfant portera :
- le nom du père
- le nom de la mère
- les deux noms accolés l’un à l’autre, dans l’ordre qu’ils souhaitent
En ce qui concerne les autres enfants d’une même fratrie, ils devront porter exactement le(s) même(s) nom(s) que l’aîné.
Si en théorie, cette loi permet aux femmes de donner leur nom à leurs enfants si elles le souhaitent, dans les faits, elles sont peu nombreuses à le faire. Selon une étude de l’INSEE, en 2019, 81,4 % des bébés se sont vus attribuer le nom de leur père. Toujours selon cette même étude, 6,6 % des enfants nés cette année-là portent uniquement le nom de leur mère. Enfin, ils seraient 9,1 % à avoir les deux, avec celui du père en premier, et 2,6 % avec celui de la mère qui précède celui du père.
Éviter aux femmes de prouver qu’elles sont les mères de leurs enfants
Si au premier abord, il n’y a visiblement aucune gravité à porter uniquement le nom de son père, Marine Gatineau Dupré explique qu’il peut être extrêmement difficile pour une mère de trouver sa place dans ce schéma familial, tout particulièrement en cas de séparation des parents. Étant elle-même séparée des papas de ses deux enfants, qui n’ont donc pas les mêmes noms de famille et pas non plus celui de leur maman, elle explique avoir la sensation de systématiquement devoir prouver qu’elle est bien leur mère. Selon elle, la situation est d’autant plus compliquée dans toutes les démarches administratives, notamment lorsqu’il est question de voyager. Il faut alors que la mère prouve qu’elle n’est pas en train de kidnapper ses propres enfants, problème qui ne se pose absolument pas pour tous les adultes de la famille qui portent le même nom que les enfants.
Pour changer cela, et apporter plus de légitimité aux mamans, le collectif a créé une pétition, et se penche actuellement sur l’écriture d’un nouveau décret « relatif à la dévolution du nom de famille en France » afin de changer la loi à ce sujet. Ce texte permettrait en effet d’automatiser le double-nom pour les enfants et ainsi de rendre plus facile la filiation en cas de séparation des parents. C’est également l’occasion de rappeler aux jeunes mères leurs droits, et notamment celui de donner leur nom à leurs enfants. Donner uniquement celui du père est effectivement une tradition si ancrée dans notre société que beaucoup de personnes pensent qu’il s’agit de la seule solution possible.