Tous les couples ayant eu des enfants sont bien placés pour en parler : l’arrivée d’un enfant est un véritable bouleversement dans le quotidien. En effet, la vie change du tout au tout, les tâches ne sont plus les mêmes et les deux conjoints doivent à présent s’occuper d’un petit être en plus de leur couple. Les avis sur l’éducation divergent, les tâches ménagères augmentent et le dialogue n’est vraiment pas au beau fixe. Pour certains, cela se traduit simplement par une phase compliquée, plus communément appelée le « baby-clash ». Pour d’autres, les répercussions sont bien plus lourdes, puisque ces disputes à répétitions finissent par aboutir à une rupture. Dans le cadre de la rubrique « Témoignages », Supers Parents a décidé de donner la parole à ces couples qui ont connu des difficultés à la suite de l’arrivée de leur enfant.
C’était une grossesse non planifiée, mais un enfant très désiré. Pourtant, depuis sa naissance, plus rien n’allait.
Nous prenions des décisions ensembles et, sans prévenir, il faisait autre chose dans mon dos, parfois à l’inverse de ce que nous avions décidé. J’avais beau protester, lui rappeler que nous étions parents ensemble, cela recommençait toujours. Je m’en rendais toujours compte par hasard, en parlant avec mes beaux-parents ou lorsque notre fille a été capable de parler et qu’elle me racontait avec sa petite voix candide « on a fait ça mais je ne dois pas te le dire, c’est papa qui le dit ».
À la maison, c’est moi qui donnais le bain, préparais les repas, l’habillais, lui racontais des histoires, jouais avec elle… à l’extérieur il essayait toujours de donner l’image de l’homme omnipotent qui effectue toutes ces tâches sans mon aide. Le père idéal, parfait. Mes gestes parentaux, dans sa bouche, devenaient les siens et je devenais une incapable. C’était humiliant.
Les situations sont devenues de plus en plus absurdes et malsaines, pour moi comme pour mon enfant. J’ai fini par comprendre qu’il ne disait « d’accord » que pour me faire taire et qu’il allait ensuite discuter « sérieusement » avec ses parents et appliquait leur décision à eux. Cela touchait tous les niveaux, de l’habillement au choix des écoles, de l’éducation aux loisirs… toutes mes opinions ou décisions étaient critiquées et rendues absurdes par des arguments ne faisant appel qu’à l’intuition du « patriarche » qu’était mon beau-père.
Pour ma fille, je voulais une école Frenet, qu’elle cesse de manger des plats préparés, moins de sucreries, lui apprendre à faire ses tartines elle-même, à s’habiller seule, à reconnaître les bus, qu’elle mange davantage de fruits et de légumes… Mais mon ex compagnon préférait la voie de la facilité : « ça va plus vite si je le fais », « ce plat est trop compliqué à préparer », « cette école est la plus proche de la maison, c’est plus facile »… Il faisait tout pour elle et nous mangions très mal. Depuis sa naissance, je me battais aussi pour qu’elle ne soit pas sans cesse habillée en rose, pour qu’on la laisse jouer avec des petites voitures, puisqu’elle aimait ça, qu’elle fasse du sport ou d’autres activités. J’ai rarement eu gain de cause.
Il ne parlait pas à ma fille au début, disant « mais elle ne comprend rien, ça ne sert à rien ! ». J’ai dû protester et crier pour qu’il finisse par lui dire deux mots et qu’il cesse de me critiquer lorsque je lui racontais des histoires que, selon lui, elle ne pouvait pas comprendre. Ou encore qu’il arrête de planifier des surprises pour elle en sa présence parce que « de toute façon elle ne comprend pas ce qu’on raconte ». Cela a pris du temps, des années. Des cris, des pleurs, des claquements de portes.
Comment pourrais-je décrire huit années de situations absurdes où ma fille était toujours au centre et où mon compagnon et mes beaux-parents me donnaient le mauvais rôle et faisaient passer leurs désirs avant tout ? Et pour chacun de mes actes de « rébellion », des semaines de dénigrement, de propos rabaissants ou même des déformations de ce qu’il s’était passé. Il a même plusieurs fois « réécrit les événements » en me donnant son rôle à lui pour se donner raison.
J’ai petit à petit abandonné. Je me sentais tellement coupable, mais j’étais fatiguée. J’ai fui longtemps toute réflexion sur cette situation jusqu’à ce que je trouve enfin la force de le quitter pour me reconstruire. J’ai compris que jamais rien ne serait remis en question et que mon enfant et moi continuerions à nous enfoncer si les choses restaient en l’état. Ma fille avait huit ans, des problèmes psychologiques, un retard scolaire important et un déficit d’autonomie tout aussi grand. Mais je n’avais aucune preuve me permettant de prouver ces maltraitances pour réclamer la garde complète.
Je m’en sors bien aujourd’hui. J’ai reconstruit ma vie avec un autre homme. Je peux enfin être une mère pour ma fille sans que personne ne me disqualifie et ne me relègue au rang du joli pot de fleur qui orne silencieusement la maison, ou n’en fasse de même avec mon enfant en la réduisant au rang d’objet que l’on modèle selon son bon plaisir sans prendre en compte ses désirs et ses besoins. Je peux enfin devenir la femme que j’ai toujours voulu être et ma fille s’épanouit de jour en jour.
Notre fille est arrivée au monde avec deux mois et demi d’avance suite à une pré-éclampsie. Elle est restée deux mois en néonatalogie, soins intensifs, à deux heures de chez nous. Alors oui notre couple en a pris un coup. On faisait que de s’engueuler pour un oui ou pour un non. L’angoisse et la fatigue n’ont rien arrangé. Elle a en tout fait cinq hôpitaux différents. Nous avons failli nous séparer plusieurs fois : il y avait beaucoup de disputes, nous n’avions plus de rapports sexuels (entre la césarienne et l’angoisse de tout, l’envie n’y est plus). Nous n’étions plus sur la même longueur d’onde. Quand notre fille est vraiment rentrée à la maison, petit à petit, nous avons pris le temps de parler de tout ce qui n’allait pas. La communication est primordiale dans ce genre d’épreuve. Notre méthode a été de prendre en considération ce qui avait pu blesser l’autre et ce qui pouvait l’aider à allait mieux. Puis, petit à petit, nous avons retrouvé nos habitudes, mais aussi appris à se soucier de ce que peut ressentir l’autre. Il faut persévérer si on tient à notre couple, s’il y a toujours de l’amour. Aujourd’hui, nous sommes les plus heureux et encore plus après avoir été capables d’être restés l’un pour l’autre, et surtout pour notre amour de bébé.
À la naissance de notre enfant, nous n’avons pas du tout réagi de la même façon. J’étais émerveillée par mon bébé. Je lui consacrais presque tout mon temps. Il est immédiatement devenu ma priorité. Mon mari a eu du mal à devenir père. Il s’occupait assez peu du petit et se lassait rapidement. Nous avons donc un peu commencé à vivre chacun de notre coté. Au fil du temps, nous avons réalisé que vous avions quelques divergences sur l’éducation, même si nous pensions être sur la même longueur d’onde avant la naissance. Il y a donc eu quelques tensions. En plus de cela, les suites d’accouchement ont été longues et difficiles pour moi physiquement. J’avais des douleurs et je n’ai pas pu reprendre une activité sexuelle durant les trois mois qui ont suivi. Mon mari n’a pas réussi à le comprendre. Il a fini par aller voir ailleurs quand notre fils a eu 3 mois. Nous avons donc divorcé.
Je pense qu’il est important avant de concevoir un enfant de discuter très précisément de l’éducation que l’on souhaite lui donner, de la place et du rôle de chacun et de ce que l’on attend de l’autre. Il faut aussi être prêts à mettre en pause quelque temps son couple. La venue d’un enfant demande des sacrifices, c’est une épreuve pour le couple. S’il est solide et en phase, ce n’est que temporaire.
Après la naissance de ma petite fille, plus rien n’allait dans notre couple. Je n’avais d’yeux que pour elle et mon conjoint ne comptait malheureusement plus. Ma fille était ma priorité. J’ai cru voir notre famille voler en éclat. Non pas parce que nous n’étions pas d’accord sur l’éducation, mais simplement parce que j’avais l’impression de vivre avec un colocataire. Je ne le supportais plus. Mais depuis que ma fille commence à devenir autonome la relation de couple s’améliore enfin. Nous prenons plus de temps à deux, même à trois et c’est génial. Il vaut parfois mieux prendre sur soi pour sauver sa famille.
Supers Parents remercie toutes les personnes qui ont participé à la récolte de témoignages. Il était malheureusement impossible de tous les inclure, même si tous ont été lus avec beaucoup d’attention.