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Tentatives de suicide : elles explosent chez les 12-24 ans

Crédits : iStock

Nous vivons depuis près de deux ans dans une ambiance bien particulière à cause de la pandémie qui n’est pas facile à vivre pour tout le monde. Pour les personnes qui étaient déjà avant cela sujettes à des crises d’angoisse, la situation a bien souvent empiré. D’ailleurs, de nombreux individus qui n’avaient jamais eu d’idées noires avant la crise sanitaire vivent actuellement cette situation. Malheureusement, les jeunes semblent être les premiers touchés par ce phénomène, comme le montrent des chiffres très inquiétants au sujet du nombre de tentatives de suicide.

Des chiffres préoccupants

L’adolescence est une période extrêmement troublante pour certains jeunes, car elle est faite de grands bouleversements qui sont parfois difficiles à vivre. Seulement, pour ceux qui traversent ce moment compliqué actuellement, les choses sont d’autant plus corsées. Les adolescents vivent en effet de plein fouet la crise sanitaire, entre les différents confinements, l’obligation du port du masque à l’école, les sorties forcément limitées et la difficulté de se projeter dans l’avenir. Bref, autant de choses qui peuvent avoir des conséquences importantes sur le moral des jeunes qui sont déjà très souvent à fleur de peau.

En 2020, 5000 signalements pour tentative de suicide ont été recensés en France chez les jeunes de 18 à 24 ans. Ce chiffre qui est déjà très impressionnant a malgré tout augmenté en 2021, avec 8000 signalements.  Cette hausse est donc très probablement liée à la situation sanitaire, mais elle cache une autre vérité tout aussi préoccupante : les filles feraient cinq fois plus de tentatives de suicide que les garçons. Si depuis des années, les femmes semblent plus souvent sujettes aux tentatives de suicide (sans forcément d’issue fatale), les chiffres élevés de cette année sont complètement inédits.

Quelles sont les causes de ces chiffres impressionnants ?

Selon Angèle Consoli, spécialiste de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, et membre du Conseil scientifique, ces chiffres ne sont pas réellement surprenants. Elle explique en effet : « Les filles ont davantage, dans l’expression de leur souffrance psychique ou de leur détresse, recours aux tentatives de suicide, avec souvent des moyens qui engagent moins le pronostic vital, des prises médicamenteuses, alors que pour les suicides qu’on dit “complétés”, c’est-à-dire suivis d’un décès, ce sont plus les garçons et les hommes. Ce sont des causes multifactorielles, biologiques, hormonales, socioculturelles. Donc il y a, dans ce qu’on observe là, une forme de continuité ».

La crise sanitaire n’a donc fait qu’amplifier un phénomène déjà existant, mais qu’il faut impérativement prendre très au sérieux. Les jeunes ont besoin plus que jamais de se sentir entourés et accompagnés dans la phase si particulière de l’adolescence.