Depuis maintenant quelques années, les mouvements féministes ont pris de l’ampleur, et les voix se libèrent peu à peu autour du sexisme et de toutes les violences faites aux femmes. Parmi tous ces combats, on retrouve notamment le fait de supprimer totalement un concept : celui de la culture du viol. Cependant, il s’agit de quelque chose de réellement ancré dans notre société, et notamment dans notre inconscient. C’est pour cette raison que certaines personnes l’entretiennent, parfois même sans s’en rendre compte. D’ailleurs, une récente enquête de l’institut Ipsos montre que ce sont les jeunes qui ont plutôt tendance à l’entretenir.
Qu’est-ce que la culture du viol ?
La culture du viol est en réalité un concept sociologique qui regroupe tous les actes et les pensées qui ont tendance à minimiser, voire à normaliser le viol. Cela peut se faire de façon très graduelle, allant de l’action pouvant sembler innocente ou de la réflexion qui n’a à première vue aucune arrière-pensée, à des comportements vraiment très dérangeants, voire graves et condamnables. Le harcèlement de rue par exemple contribue à la culture du viol, car il revient à considérer le corps d’une femme comme un objet, ce qui laisse donc entendre que n’importe qui peut avoir un pouvoir dessus.
Des chiffres plutôt inquiétants
Cette vaste étude, menée auprès de 1035 personnes de 18 ans et plus pour l’association « Mémoire traumatique et victimologie », fait état de chiffres relativement inquiétants, même cinq ans après le mouvement planétaire #Metoo. Elle montre notamment que 11 % des personnes interrogées pensent que « lorsque l’on essaye d’avoir des relations sexuelles avec elles, beaucoup de femmes disent “non”, mais ça veut dire “oui” ».
Pour un Français sur cinq, le fait de contraindre son conjoint à avoir des rapports sexuels n’est pas considéré comme un viol. Or, le plus surprenant dans ces chiffres, c’est surtout le fait que ce sont majoritairement les jeunes qui pensent de cette façon. Les jeunes de 18 à 24 ans sont en effet les plus nombreux à ne pas qualifier les deux situations suivantes de viols :
- le fait de forcer une personne qui ne veut pas à avoir un rapport sexuel
- avoir un rapport sexuel avec une personne qui dort, qui est en état d’ébriété, ou bien droguée, qui est donc incapable d’être réellement consentante.
Cette étude montre également le rôle central de la pornographie dans la vie des jeunes. Ils sont en effet 34 % à penser qu’il s’agit d’un moyen comme un autre de faire son éducation sexuelle (par rapport à 19 % pour l’ensemble des sondés). Les jeunes sont aussi 36 % à penser que beaucoup de femmes prennent du plaisir à être injuriées ou humiliées, contre 12 % pour tout l’échantillon. Ce rapport très particulier à la pornographie a très probablement un lien direct avec le reste des réponses des jeunes. En effet, les films pornographiques sont, aujourd’hui encore et pour la grande majorité, relativement dévalorisants pour les femmes. Les contenus pornographiques les montrent en effet dans des situations violentes et/ou humiliantes, et ont tendance à mettre en scène tous les stéréotypes de genre qui ne sont pas vraiment à l’avantage des femmes. Cette enquête montre donc qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour supprimer définitivement la culture du viol.