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Interruption médicale de grossesse : une lourde décision à prendre

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L’interruption médicale de grossesse (IMG) ne doit pas être confondue avec l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il s’agit là aussi d’une décision lourde et difficile à prendre, mais pour des raisons de santé. Avec l’accord des médecins et à la demande des parents, il est alors nécessaire de mettre fin à la grossesse.

Qu’est-ce que l’IMG ?

Également appelée avortement thérapeutique, l’interruption médicale de grossesse intervient lorsque la grossesse met gravement en danger la santé de la femme enceinte, ou encore lorsque le fœtus est atteint d’une affection particulièrement grave et incurable (malformation ou syndrome malformatif, anomalie chromosomique). À la différence de l’IVG, l’IMG peut être réalisée à n’importe quel moment de la grossesse et jusqu’au terme de celle-ci. Si la santé de la mère n’est pas en danger, mais que l’IMG est proposée à cause d’un problème de santé du fœtus, il est alors tout à fait possible de refuser une interruption médicale de grossesse et de poursuivre la grossesse jusqu’à son terme, pour tenter de quand même accompagner son enfant dans la courte vie qui l’attend.

Dans certains cas, une IMG est proposée alors que l’enfant est viable. C’est notamment le cas lorsque les médecins constatent que l’enfant à naître est porteur de la trisomie. Même s’il est parfaitement possible de vivre avec la trisomie, il est aussi autorisé de prendre la décision de ne pas poursuivre la grossesse à cette annonce. Cela peut être d’autant plus difficile à vivre, puisque l’enfant peut être en parfaite santé. Il s’agit ensuite de la décision du couple, qui doit savoir s’il se sent prêt ou non à accueillir dans la famille un enfant porteur d’un handicap.

La prise de décision

Il est évident qu’une telle décision est extrêmement difficile à prendre, puisque cela intervient alors que les parents ont eu le temps de s’imaginer leur nouvelle vie de famille avec leur bébé. Ainsi, s’il s’agit d’un problème de santé du fœtus, les parents ont 7 jours pour décider s’ils souhaitent ou non interrompre la grossesse. Quoi qu’il en soit, les parents doivent être informés de tout ce qu’une IMG implique, et c’est ensuite à la femme de donner son accord ou non.

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Le déroulement

Selon le stade d’avancée de la grossesse, les méthodes utilisées pour avoir recours à l’IMG diffèrent. Avant 14 semaines d’aménorrhée, il est possible d’avoir recours à une aspiration par curetage sous anesthésie générale. Dans ces conditions, la femme peut sortir de l’hôpital le soir même ou le lendemain.

Si cependant la grossesse a dépassé les 14 premières semaines d’aménorrhée, il faudra alors que la femme accouche de son fœtus. L’accouchement est donc déclenché à l’aide d’un produit qui permet de produire des contractions. Avant cela, et puisque l’enfant pourrait très bien naître vivant, il faut procéder à un fœticide, qui consiste à endormir le fœtus et arrêter son cœur par voie médicamenteuse. Une fois le bébé expulsé, il sera amené quelques minutes dans une autre salle, puis ramené auprès des parents s’ils ont émis le souhait de le voir. C’est généralement à ce moment-là que les sages-femmes en profitent pour prendre des photos de l’enfant pour la première et dernière fois. La femme sera ensuite gardée sous surveillance durant deux heures, puis ramenée dans une chambre, comme pour un accouchement traditionnel.

La suite

Bien entendu, il peut être très difficile pour un couple de se remettre d’une IMG, puisqu’il s’agit d’un véritable deuil : le deuil de l’enfant tant espéré, mais aussi de cette grossesse qui s’annonçait prometteuse. Il faut donc du jour au lendemain tenter de reconstruire sa vie sans cela. Évidemment, tout le monde ne gère pas un deuil de la même façon, même si certaines démarches peuvent permettre de se sentir mieux après cette épreuve :

  • après 22 semaines d’aménorrhée, il est possible d’inscrire l’enfant sur les registres de décès de l’état civil. C’est un moyen pour les parents de reconnaître ce bébé comme un être à part entière qui a perdu la vie
  • il est également possible de donner des prénoms à cet enfant, ce qui va permettre de ne plus seulement l’idéaliser
  • l’inscrire sur le livret de famille, mais seulement à titre de mention administrative, afin qu’on reconnaisse qu’il est bien un membre à part entière de la famille
  • organiser des funérailles, qui est une étape importante du deuil
  • avoir accès à certains droits sociaux, comme le congé maternité, ce qui va permettre de mettre en lumière cette grossesse qui a bien existé, même si l’issue n’a pas été celle espérée